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Oyez, Oyez! Venez découvrir les écrits aventureux d’une artiste lunaire, dans l’univers d’Artellium!
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Voici une première scène, n’hésitez à pas à donner votre opinion, toute critique constructive est la bienvenue!
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Si vous reconnaissez l’homme qui est attablé avec Reg’Em, c’est que vous avez trop traîné dans des salles de jeux illicites. Le pari en cours ne pouvait qu’attirer Voss et son goût indécent pour les jeux d’argent. Mais défier Reg’Em, le champion régional, c’était surestimer sa chance. Le Técégé est plus qu’une distraction, c’est un art de la guerre, aussi vieux que les arkhomes eux-même. Les règles sont simples, sa maîtrise parfaite compliquée, voire impossible. La partie est une pyramide d’optimisation, de chance mais surtout d’anticipation, prendre les places fortes en premier et dominer par des positions intouchables, engranger des points et faire attention aux retournements de situation, des fois aussi improbables que grandioses.
Et pourtant, Reg’em est mal parti. Il a concédé un avantage local pour une pensée plus globale, mais ça lui coûte cher à présent. Il devra sortir les crocs, se battre dos au mur, acculé comme les généraux de l’ancien temps, qui se battaient comme lui aujourd’hui, pour être le favori du Malek. Les époques défilent, le jeu lui est resté le même. Métaphore cynique de la vie, de la politique, des relations humaines.
Il regarde son adversaire sans un mot, aucune parole n’est tolérée pendant le déroulement de cet affrontement. Il respire profondément, calme son esprit, la précipitation n’apporte rien de bon.
L’urgent ou l’important. Est-ce compliqué ou complexe ? Un novice voudrait résoudre la situation immédiatement, forcer la serrure avec la mauvaise clé. Tous les chemins qu’il lit sont des impasses, il lui faut plus d’éléments, aller au contact ne fera que renforcer l’adversaire. Il lui faut reprendre l’initiative, quitte à lâcher encore plus, à abandonner une partie en appât. Il se décide.
Ses convictions sont solides, le plan est clair et pourtant très flexible. Compter sur une erreur de l’adversaire à ce niveau là n’est pas possible, il lui faudra être meilleur, se transcender, une remontada comme jamais cette arène stratégique n’en a vu, il sait qu’il peut le faire, il a dédié sa vie à cet art et tout se joue maintenant.
Voss ne fait pas l’erreur de le sous-estimer, il visualise les coups successifs presque aussi bien que le champion en titre, et sécurise son avance en primant la défense, bloquant ainsi les chances et les espoirs de son adversaire qui s’approche du précipice tactique.
Un autre coup de sonde pour tester le challenger, celui-ci répond avec le même flegme assiégé. Étant sûr de remporter la victoire, il décide de verrouiller sa position et abat avec fierté son dernier atout comme la lame d’une guillotine.Reg’em flanche moralement, il transpire des sueurs froides, presque frissonnant alors que l’ambiance autour atteint son paroxysme. Cette dernière estocade le ramène à la réalité, la salle est remplie de monde, amis, famille, notables, rivaux et étrangers. Tous assistent à sa mise à mort. Des regards apeurés, emplis de pitié, d’autres haineux n’attendant que le glas pour sabrer le champagne en même temps que son honneur déchu.
Il respire. Un dernier souffle. La brise qui gonfle les voiles d’un navire bloqué dans un désert de vent. Un zéphyr chargé d’espoir, la dernière gorgée qui peut tout changer. Il replonge dans son océan de concentration, son InverMonde à lui. Son regard ne fixe plus rien, un voile obscure recouvre sa vision, tout ses sens sont inhibés, rien n’est plus important que la guerre qui se déroule sur cette table de bois. Le dernier coup de Voss est un coup de marteau, aussi brutal que déterminé, mais c’est ce manque de finesse qui a fissuré la muraille. Une faille. Il y a une faille dans la formation adverse. Les probabilités pour retourner à l’équilibre sont fines, celles pour gagner sont quasi inexistantes, mais les ténèbres sont toujours là malgré l’éblouissement, comme un paradoxe de son Primus.
Un paradoxe, c’était ça la solution! Un coup piège, un couperet, un retour de bâton. Reg’em sort de sa transe pour faire face au sourire glorieux de son adversaire. En douceur, il propose l’énigme qui n’a aucune réponse. La courbe des lèvres de Voss change. ses sourcils se froncent.
Et le temps passe.
Figés dans cette scène comme des statues antiques, les deux hérauts de guilde sont dans un autre espace temps. La salle est silencieuse, calme avant la tempête.
La joie s’est transformée en rage. Reg’em l’a mis en équilibre sur un fil, plongé d’un côté ou de l’autre ne fera aucune différence. Il pare à droite, Reg’em frappe à gauche. Il faut du temps à la foule pour comprendre ce qui se passe, le mouvement, les changements et le comptage des points. Mais nos deux gladiateurs connaissent déjà le score final, ils attendent juste que le verdict du maître de cérémonie Aethys tombe. Reg’em sourit. Voss fulmine. Un match épique qui restera dans la légende, un cas d’école héritage d’une bataille de héros.– 34-34, Égalité !
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